Comment détecter les symptômes d'un cancer chez un enfant

Tumeurs, lymphomes, leucémies… Un demi-millier d’enfants et adolescents sont soignés chaque année à Lyon dans le cadre de leur cancer. Quels types de cancers touchent surtout les enfants ? Quels sont les signes qui alertent ? Les enfants sont-ils plus fragiles ? Pourquoi sont-ils plus réceptifs aux traitements ? Oncologue à l’IHOPe, l’Institut d’Hématologie et d’Oncologie Pédiatrique de Lyon, le Dr Perrine Marec-Berard a répondu à ces questions sur le plateau de l’émission Votre Santé.

Avec 80% de patients guéris de leur cancer, les services de cancérologie pédiatrique ont des résultats supérieurs à ceux des adultes notamment. L’une des raisons principales ? La grande capacité des enfants à guérir. La recherche avance et le secteur connaît de nouveaux moyens prometteurs, propices à améliorer encore ce taux de guérison. Le Dr Perrine Marc-Bérard est oncologue pédiatrique à l’IHOPe, institut d’hématologie et d’onconlogie pédiatrique de Lyon. Elle était l’invitée de l’émission Votre Santé, le 21 février 2023 sur BFM TV Lyon.

Quels sont les cancers les plus fréquents dans les services de pédiatrie ?
Les cancers chez les enfants sont très différents de ceux que des adultes peuvent développer comme les cancers des poumons ou du sein. Ceux décelés en pédiatrie sont très propres à cette population. On y retrouve notamment les tumeurs du système nerveux central, les tumeurs cérébrales, les leucémies, les lymphomes, l’hématologie, les sarcomes ainsi qu’une quarantaine de pathologies différentes avec des incidences plus faibles.

Comment détecter ces cancers ?
La principale difficulté pour réaliser le diagnostic d’un cancer chez un enfant est la faible spécificité des symptômes. Cela peut se manifester par une fatigue qui dure, une pâleur ou des hématomes pour une leucémie. Mais aussi une tuméfaction ou une douleur abdominale qui traine.

Difficile de définir des symptômes, donc ?
C’est là toute la difficulté pour faire un diagnostic de cancer car ce sont des symptômes que tous les pédiatres voient chaque jour sans pour autant que les enfants soient atteints de cancer. C’est donc un symptôme ou un signe durant de façon anormale qui peut inquiéter un parent. On peut quand même les détecter par une échographie puis un scanner pour une tumeur abdominale ou une prise de sang pour une leucémie parmi tant d’autres. Aucune règle n’est établie. Cela dépend des pathologies mais cela passe notamment par des investigations cliniques et radiologiques.

Peut-il y avoir un facteur génétique ou héréditaire ?
Il peut y avoir des cancers qui s’intègrent dans des prédispositions familiales mais cela reste rare. Les progrès dans la connaissance du génome font qu’on va en identifier davantage mais ceux-ci restent moindres. Seulement 5% des patients atteints de cancers le sont à cause de leur génétique. La plupart arrivent par hasard.

Les cancers en pédiatrie sont-ils plus dangereux que ceux pour adulte ?
Les cellules cancéreuses des enfants ont la spécificité de se multiplier très vite et sont donc agressives. A contrario, elles sont plus sensibles aux traitements notamment la chimiothérapie. On peut donc les soigner plus facilement.

Quel est le profil des patients de l’IHOPe ?
L’IHOPe a la particularité de prendre en charge des patients jusqu’à l’âge de 21 ans puisque les pathologies sont communes à la pédiatrie. Un département est dédié aux adolescents et jeunes adultes entre 15 et 25 ans puisque c’est une population très à part en cancérologie et que leurs besoins sont spécifiques. Toute la population entre 0 et 21 ans est accueillie au sein des murs de l’IHOPe.

Les traitements pédiatriques sont-ils différents que pour les adultes ?
Les trois manières de traiter un cancer chez un enfant ou un adulte sont la chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie. Dans le milieu pédiatrique, la forte sensibilité des enfants à la chimiothérapie fait qu’elle est très efficace. La radiothérapie est aussi efficace mais est utilisée uniquement pour certaines entités à cause des effets secondaires à court et long terme. La chirurgie est aussi utilisée.

Va-t-on vers de nouveaux types de traitements ?
Oui. Même si malheureusement la pédiatrie en bénéficie plus tardivement. En effet, la procédure d’essais thérapeutiques des nouvelles drogues démarrent en général chez l’adulte. On fonde énormément d’espoirs dans les nouvelles drogues qui arrivent avec les thérapeutiques ciblés ou l’immunothérapie. Celles-ci commencent à avoir de réels bénéfices chez l’enfant et à être utilisées couramment. Les progrès qui seront faits dans l’avenir seront probablement plus liés à ces drogues qu’aux chimiothérapies. C’est ce qui se passe actuellement en terme de recherche.

Propos retranscris par Charles Décieux
Source : Ma Santé ARA