Oncologie pédiatrique : “on guérit 80% des cancers de l’enfant”
Par Philippe Frieh

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Chaque année en France, près de 2 300 enfants et adolescents sont diagnostiqués d’un cancer. Certains de ces jeunes patients bénéficient de l’expertise lyonnaise en matière d’ocolongie. 200 d’entre eux sont en effet pris en charge à l’Institut d’Hématologie et d’Oncologie Pédiatrique (IHOPe), géré conjointement par les Hospices Civils de Lyon et le Centre Léon Bérard, le centre de lutte contre le cancer de Lyon. Profil des malades, types de cancers, durée des séjours, traitements… L’éclairage du Dr Perrine Marec-Berard, pédiatre oncologie à l’IHOPe, sur le plateau de l’émission Votre Santé sur BFM Lyon.

Créé en 2008, l’IHOPe de Lyon est devenu le premier institut européen pour le traitement et la recherche sur les cancers et les maladies du sang de l’enfant et de l’adolescent. Un établissement essentiel dans la prise en charge des jeunes patients, comme l’explique le Dr Perrine Marec-Berard, pédiatre oncologie à l’IHOPe, invitée de l’émission Votre Santé du 21 novembre sur BFM Lyon.

Des cancers chez l’enfant plus rares et spécifiques
Pourquoi les enfants peuvent-ils être touchés par un cancer?

Cela fait partie des questions sur lesquelles on axe nos recherches. Il y a effectivement des cancers chez l’enfant, y compris chez le tout-nouveau né, lié à un dérèglement du mécanisme cellulaire. Le système immunitaire n’est, à un moment, pas suffisant pour éliminer des cellules qui abimées par l’environnement ou différentes causes. Il y a forcément beaucoup moins de cancer chez le petit que chez l’adulte mais les cas existent.

S’agit-il des mêmes types de cancer chez l’enfant et chez l’adulte ?

Ce ne sont pas du tout les mêmes. Un enfant n’aura pas un cancer des poumons, de la prostate ou du sein. Ce sont des tumeurs très spécifiques qui touchent les cellules embryonnaires; les plus fréquentes sont par exemple les sarcomes, les tumeurs cérébrales, les leucémies. Il y a des tumeurs encore plus rares et spécifiques chez les tout petits: le neuroblaste qui sont des tumeurs dérivées des cellules embryonnaires qui se dérèglent provoquant ces maladies.

5% des cancers pédiatriques sont héréditaires
Quel est le profil des enfants que vous traitez à l’IHOP ?

On traite des « enfants » de 0 à 25 ans dont un service dédié aux « adolescents-jeunes adultes ». On a des enfants qui viennent de toute la région.

Quelle est la durée des séjours généralement ?

Les séjours en eux-même sont assez brefs afin de maintenir le plus possible la vie de l’enfant à la maison, en famille et à l’école. Un traitement peut aller de 6 à 24 mois et plus en fonction des pathologies. Ils restent à l’IHOPe des séquences de quelques jours à quelques semaines lors des traitements de chimiothérapie.

Existe-t-il un caractère héréditaire dans la maladie ?

Il existe mais est rare. On estime que 5% sont des maladies héréditaires aujourd’hui. Cela reste une part infime de maladies.

La chimiothérapie en pôle pour les soins
Les traitements sont-ils similaires à ceux de l’adulte ?

La particularité dans le cancer de l’enfant: ce sont des maladies qui vont très vite dans la division cellulaire ce qui les rend très sensibles aux chimiothérapies. C’est l’arme principale du traitement du cancer de l’enfant. On utilise aussi, pour certains cancers, la radiothérapie et la chirurgie. On a de forts espoirs à l’avenir sur l’efficacité de l’immunothérapie.

Le taux de survie ainsi que le taux de récidive ont-ils tendance à évoluer positivement ?

Aujourd’hui on estime que l’on guérit 80% des cancers de l’enfants. C’est un chiffre qui parait important mais cela veut quand même dire qu’un entant sur cinq ne guérira pas. C’est un taux de guérison assez stable sur les 20 à 30 dernières années, on n’arrive pas à décoller bien que l’on espère que les thérapeutiques innovantes puissent nous permettre de le faire à l’avenir.

Cancer de l’enfant : attention aux signes qui alertent
Quel est le cancer de l’enfant le plus redoutable ?

Ce sont les tumeurs du système nerveux central. Ce sont des maladies souvent peu sensibles aux traitements et très mal placées qui limitent les possibilités chirurgicales bien que les progrès soient très importants aussi en terme de technique de neurochirurgie. Cela reste un défi pour l’ensemble du milieu de l’oncologie pédiatrique.

Quels sont les signes qui doivent alerter les parents ?

La cancérologie pédiatrique concerne plus d’une quarantaine de maladies différentes donc des signes qui seront très différents d’un enfant à l’autre. Globalement ce peut être des douleurs inexpliquées qui se prolongent, des états de fatigue, de pâleurs, des problèmes digestifs, des maux de tête… Les signes d’appel sont assez peu spécifiques.

Un jour, arrivera-t-on à guérir la plupart de ces cancers de l’enfant ?

Je l’espère, les voies de recherches sont vraiment très importantes et on assiste depuis 5-10 ans à une explosion de nouvelles thérapeutiques qui sont très porteuses d’espoir pour améliorer le pronostic de ces maladies.

Retrouver le replay de l’émission Votre Santé du 21 novembre 2023 sur Ma Santé TV